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Comment réussir son couvert végétal en AB pour répondre à l’enjeu croissant de l’auto-fertilité du sol ?

Repousse de colza

En agriculture biologique, la conduite de l’interculture repose sur un compromis entre la gestion des adventices, celle de la structure et celle de la fertilité du sol. Pour la prochaine campagne, la priorité reste de semer dans des parcelles dépourvues d’adventices. Toutefois, l’incertitude pesant sur les prix et la disponibilité des engrais organiques amplifie l’enjeu des couverts vis-à-vis de la fertilisation des cultures.

Couvert de 3 TMS/ha (premier plan) VS repousses de blé (second plan)

Sécuriser 30 à 40 U d’azote grâce au couvert

Un couvert moyen peut produire 3 T/ha de matière sèche. Cela correspond à une pesée de 2 kg/m² de matière fraîche à l’automne. Selon les espèces, la quantité d’azote captée à travers cette biomasse varie fortement. Les crucifères sont de bons pièges à azote, en pompant rapidement les reliquats présents post-récolte. Les légumineuses captent quant à elles l’azote de l’air et l’emmagasinent pour enrichir le pool de fertilité azotée du sol après leur destruction. À biomasse équivalente, elles restituent quasiment 4 fois plus d’azote qu’une crucifère à la culture suivante.

Avec un mélange composé majoritairement de légumineuses, on peut compter sur :

  • Une capture de 100 U N/ha par le couvert quel que soit le reliquat post-récolte.

  • Une restitution de 30 à 40 U N/ha au printemps suivant, ce qui correspond à l’azote disponible derrière un apport de fientes de poules à hauteur de 2 à 2,5 T/ha.

Tableau réalisé à partir d’une simulation avec la méthode MERCI (https://methode-merci.fr/)

Rentabiliser l’investissement du couvert

Le semis d’un couvert d’interculture représente un coût : un minimum de 50 /ha pour des semences certifiées auquel s’ajoutent les charges mécaniques de semis et de destruction. Dans les conditions actuelles, l’enjeu azote justifie à lui seul l’investissement, sans compter la valorisation des autres bénéfices apportés par le couvert à la fertilité du sol. Néanmoins, sa rentabilité reste conditionnée à son développement et à sa dégradation dans le sol.

Sécuriser la production de biomasse

Comme celui les cultures, le développement des couverts est conditionné par la pluviométrie. Les dernières années ont été marquées par des mois de juillet et août très secs avec des pluviométries mensuelles inférieures à 20 mm : des conditions très limitantes pour la croissance estivale des couverts. Pour autant, des moyens existent pour obtenir une croissance des couverts suffisante sur l’automne :

  • Associer au moins 3 espèces pour limiter l’impact de la mauvaise levée d’une d’entre elles et valoriser les complémentarités inter-espèces.

  • Semer aussitôt après la récolte : cela permet de bénéficier de l’humidité résiduelle favorable à la levée.

  • Semer le couvert comme on sème une culture

  • Gérer les pailles : en cas d’utilisation d’un semoir de semis direct à disques, prévoir une fauche haute pour éviter d’avoir trop de paille dans la ligne de semis.

  • Semer dans une parcelle sans adventices : privilégier un passage de déchaumeur le cas échéant (par exemple couplé à un semis à la volée et un roulage).

  • Adapter la profondeur de semis au niveau de dessèchement du sol. Proscrire un simple semis à la volée suivi d’un passage de herse étrille.

Une autre possibilité est le semis d’un trèfle d’Alexandrie ou Incarnat sous couvert de la culture précédente. Cette alternative doit être positionnée devant des cultures non sensibles à Aphanomyces (céréales, maïs, tournesol par exemple).

Optimiser l’azote biodisponible pour la culture suivante

Viser l’optimum de biomasse : Détruire le couvert ni trop tôt ni trop tard!        

  Avec une pluviométrie suffisante en juillet-août, l’ensemble des espèces arrivent à maturité courant septembre (cf. photo).

Tout en veillant à respecter la date réglementaire de destruction des couverts dans votre département :

  • Eviter la montée à graine d’espèces pouvant relever dans la culture suivante (crucifères, sarrasin).

  • Ne pas laisser le couvert évoluer en sénescence si vous souhaitez optimiser son relargage d’azote pour la culture suivante au risque d’augmenter son C/N.

Derrière un été sec, la biomasse du couvert reste faible jusque septembre et certaines plantes à cycle court comme les crucifères montent alors à fleurs (cf. photo). Ces plantes ont alors terminé leur phase de croissance végétative. Dans ce cas, la présence d’espèces comme les vesces dans le mélange constitue une voie de relais à la production de biomasse sur octobre-novembre à la faveur d’un automne doux.

Un broyage haut du couvert fin septembre sera favorable à la minéralisation des résidus de crucifères arrivées à maturité et ouvrira l’espace aux autres espèces.

Couvert peu développé à la suite d’un été sec (photo du 22/10/2018)

Valoriser le relargage d’azote par les légumineuses                      

 Pour maximiser le relargage d’azote à la culture suivante, il est primordial de détruire un couvert avec un C/N faible. Un mélange d’espèces avec une majorité de légumineuses permet d’atteindre cet objectif. On estime alors que 40% de l’azote emmagasiné par le couvert est minéralisé et par conséquent disponible pour la culture suivante environ 2 mois après la destruction de ce couvert (cf. graphique sur la minéralisation des résidus).

La minéralisation du couvert dans le sol étant un processus naturel, sa cinétique dépend des facteurs influençant l’activité biologique du sol (type de sol, météo, gestion des pailles, modalités de destruction, etc).

En cas de forte restitution de biomasse au sol peu profondément enfouie (mulchage), des biosolutions existent pour favoriser la dégradation des résidus de couvert, comme le Déchaum’activ (complexe bactérien lyophilisé) :

DECHAUM’ACTIV 200 g/ha au plus proche du semis (avant ou après)

Afin de tout mettre en œuvre pour réussir la fixation d’azote ainsi que le recyclage optimal des éléments minéraux pour la culture suivante, il convient d’anticiper sa stratégie de couverture du sol dès la mi-mai, au regard de son assolement prévisionnel 2023.

N’hésitez pas à prendre contact avec votre ARC pour établir un couvert agronomique adapté à votre situation.

Le service Agronomie, Conseils, Innovation - Avril 2022

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