Tout savoir sur la fertilisation azotée
Dans une lettre hebdomadaire en Novembre 2019 nous évoquions la sensibilité des différentes formes d’engrais azotés à la volatilisation et les objectifs du plan PREPA (Plan national de Réduction des Emissions de Polluants Atmosphériques). Les problèmes engendrés par ces émissions atmosphériques sont toujours bien d’actualité et nous devons adapter nos pratiques. Le choix des produits est important, certains étant plus émissifs que d’autres, mais les conditions d’épandage et les stratégies d’apport le sont tout autant (fractionnement, pilotage, modulation de dose).
La volatilisation de l’ammoniac n’est pas le seul problème environnemental que pose la fertilisation azotée, en effet la production des engrais azotés minéraux commence par la synthèse de l’ammoniac pour laquelle le recours à l’énergie fossile (gaz naturel en majorité) constitue une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’utilisation des fertilisants.
L’ammonitrate, vers un azote "VERT" ?
Aujourd’hui elle est prise comme référence en raison de son efficacité régulière et des pertes limitées qu’elle subit après l’épandage. Dans les régions grandes utilisatrices d’engrais liquide l’ammonitrate a en partie remplacé la solution azotée sur certains créneaux, particulièrement pour les apports de fin montaison sur blé où elle permet, outre la sélectivité, de meilleurs résultats en protéines.
D’importants projets industriels visent à synthétiser de l’ammoniac en remplaçant le gaz naturel par de l’hydrogène « vert », qui serait produit à partir d’énergie électrique « verte ». La perspective d’un ammonitrate produit sans carbone est aujourd’hui réaliste. Si la production d’engrais azotés pouvait à terme se passer d’énergie fossile, le bilan carbone des cultures fortes consommatrices d’azote serait nettement amélioré (par exemple : la fertilisation azotée pèse pour les 2/3 dans le poste émissions de carbone d’une culture de colza).
La solution azotée, moindre efficacité mais des formulations améliorées
La moindre efficacité de la solution azotée épandue sur le sol ou en végétation est en partie imputable à la volatilisation d’ammoniac (50% de l’azote contenu dans le produit sous forme d’urée, se transforme rapidement après épandage en azote ammoniacal, sensible à la volatilisation) mais aussi à des pertes autres, probablement liées à la forme liquide qui pourrait favoriser l’utilisation par des micro-organismes d’une partie de l’azote apporté (organisation).
Depuis 7 ans nous testons des adjuvants ou des nouvelles formulations ayant pour but d’améliorer l’efficacité de l’azote. Malgré des résultats intéressants, les inhibiteurs d’uréase n’ont pas été autorisés en association avec les solutions azotées. En revanche la formule LIQUIBOOST testée dans nos essais depuis 4 ans n’égale pas l’ammonitrate, mais montre une amélioration de 2,8 q/ha et 0,3 point de protéines par rapport à la solution azotée classique (voir graphique).
Les urées, des procédés efficaces pour réduire la volatilisation
L’urée est la forme d’azote qui présente le plus de risque de volatilisation, cependant l’application d’additifs (inhibiteurs d’uréase) sur les granulés permet de réduire fortement ce phénomène, pour arriver à une efficacité comparable à l’ammonitrate. Nos essais menés depuis 2014 avec des urées traitées NBPT et avec FERTECH 46 depuis 3 ans vont dans le même sens que les synthèses réalisées par Arvalis et nous montrent une efficacité égale à l’ammonitrate en rendement et en protéines. Ces formules sont criblées ce qui leur confère une qualité améliorée par rapport à l’urée standard en termes d’épandage.
L’enrobage constitue une autre technologie permettant une libération contrôlée de l’urée. Sur céréales ces formules n’ont pas montré de réel intérêt dans nos essais. En revanche sur maïs cette technologie peut permettre de réaliser un seul apport tout en conservant une libération progressive de l’azote soit l’équivalent d’un fractionnement.
Les retardateurs de nitrification
Certaines formules contiennent une matière active qui ralenti la transformation de l’ammonium en nitrate, le but est de pouvoir positionner l’engrais plus tôt ou d’éviter le fractionnement, sans exposer dans le sol, des nitrates qui seraient lessivables en cas de pluies excédentaires. Sur des engrais solides type ammonitrate (Entec par ex.) ou en additif avec de la solution azotée nos essais n’ont pas mis en évidence de résultats favorables à ces formules sur céréales et maïs.
Face aux objectifs environnementaux ces nouvelles formules permettent de réels progrès, la réduction des pertes est aussi synonyme de meilleure efficacité. Ces améliorations ne doivent cependant pas faire oublier l’importance des conditions d’épandage, incorporations lorsque c’est possible, choix de la période (fin de journée par exemple), éviter les trop fortes doses en conditions défavorables, vent, sol sec, perspective de pluie…
Le service Agronomie, Conseils, Innovation - Décembre 2020
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