Les essais se multiplient et avec eux des résultats pour positionner au mieux les solutions de biocontrôle dans les itinéraires techniques des producteurs de blé. Observé de près : leur intérêt technico-économique.
Protéger les cultures en limitant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse. Le tout, en privilégiant les mécanismes naturels. Tel est le défi à relever par les solutions de biocontrôle. Cette appellation regroupe différents produits : micro ou macro-organismes, médiateurs chimiques, substances naturelles... Largement utilisées en viticulture, maraîchage ou arboriculture, ces spécialités le sont toujours un peu moins sur grandes cultures car jugées pour l’heure économiquement moins rentables et un peu plus risquées que les produits phytosanitaires classiques. Même si l’objectif affiché n’est pas tout à fait le même – avec le biocontrôle, l’idée n’est pas d’éradiquer en totalité les populations d’agresseurs mais bien de les maintenir sous un seuil acceptable pour préserver le rendement final - les agriculteurs veulent des preuves d’efficacité et de rentabilité, quel que soit le contexte.
Avec le biocontrôle, tout se joue en préventif
« Il est vrai qu’en matière de biocontrôle, nous n’avons pas encore la solution à toutes les problématiques ravageurs et maladies, constate Sébastien Foucher, technicien culture chez Soufflet Agriculture. Sans compter que la substitution pure et simple d’un produit phytosanitaire conventionnel par une de ces spécialités est rarement possible. Mais, certaines stratégies fonctionnent bien. » Aujourd’hui, sur blé, les solutions de biocontrôle les plus abouties s’intègrent dans la lutte contre piétin verse et septoriose.
« Même si la porte d’entrée en matière de protection fongicide reste le choix d’une variété tolérante, l’usage des solutions de biocontrôle s’inscrit dans une démarche globale d’exploitation où les agriculteurs associent génétique, agronomie et, si besoin, chimie de synthèse », précise-t-il. En cas de faible pression maladies, le biocontrôle a toute sa place en T1, seul ou en association. En revanche, si la pression est forte, l’association avec un produit de synthèse s’avère incontournable, car plus sécurisante. Dans tous les cas, le recours à des OAD pour quantifier le risque et affiner sa stratégie reste un allié de poids. Car, ne l’oublions pas, en matière de biocontrôle, tout se joue en préventif ! La solution appliquée, quelle que soit sa composition, déclenche une réaction physiologique pour aider la plante à mieux résister. Un mécanisme qui nécessite d’intervenir en amont.
Une réponse aux cahiers des charges des productions sous contrat
« Contre les insectes aussi certaines spécialités de biocontrôle s’avèrent efficaces, poursuit Sébastien Foucher. Mais se pose souvent la question de la rentabilité du traitement. » En effet, les investissements sont plus lourds, à l’image de ce qui se pratique sur maïs avec les lâchers de trichogrammes pour contrôler les populations de pyrales. Le positionnement des capsules, bien qu’efficace, reste gourmand en main-d’œuvre. La multiplication des essais permet d’affiner les stratégies et d’identifier les programmes les plus pertinents.
Chez Soufflet Agriculture, près de 30 % des essais sont actuellement consacrés aux biosolutions, qui regroupent solutions de biocontrôle et biostimulants. Un enjeu pour répondre aux cahiers des charges des cultures produites sous contrat. En meunerie ou malterie, par exemple, les attentes des industriels sont effectivement de plus en plus fortes pour trouver des alternatives aux produits phytosanitaires de synthèse dans les itinéraires techniques des blés ou de l’orge.
