Dans le cadre des expérimentations menées par le service Agronomie, Conseils, Innovation de Soufflet Agriculture, des essais sur des conditionneurs de sols ont été lancés depuis septembre 2020 et pour 3 ans. 12 plateformes ont été mises en place sur plusieurs départements, dans des contextes pédoclimatiques différents et sur des cultures variées afin de tester trois produits. Ces produits visent principalement à augmenter la vie biologique des sols par pulvérisation de complexes bactériens ou d’oligo-éléments associés à des acides organiques. Ils permettent d’améliorer la structure du sol et ainsi augmenter ses capacités (rétention en eau, plus de porosité, meilleure ressuyage, meilleure portance, …). Un sol en bonne santé, c’est une plante en bonne santé notamment grâce à une baisse de la pression fongique mais également un contexte bénéfique à une meilleure croissance aérienne et racinaire des plantes.
Afin de mesurer l’efficacité des différents produits, de nombreuses observations vont être effectuées tout au long du cycle cultural comme des analyses de terre, ou encore des mesures de nutrition azotée. Parmi ces mesures, il a également été décidé la mise en place sur toutes nos parcelles d’expérimentation de la méthode des sachets de thé. Dans le but d’améliorer vos pratiques, vous pouvez aussi tester chez vous cette méthode, sur vos parcelles, pour mieux connaître votre sol et adapter vos pratiques.
La décomposition de la matière organique est un processus rendant disponible les nutriments dans le sol, pour les plantes cultivées. C’est aussi une source d’émission de CO2 dans l’atmosphère. Afin de mieux connaître les flux de carbone dans le sol, il est important d’étudier la vitesse de décomposition et les paramètres qui l’influencent. La méthode du TBI (Tea Bag Index) répond à cet objectif. Cette méthode présente plusieurs avantages : elle est peu onéreuse, facile à se procurer dans le commerce, facile à manipuler et standardisée puisque les sachets de thé contiennent environ 2 g de matière organique.
Le but de la méthode
Dans la continuité du test du slip, la méthode du Tea Bag Index consiste à mettre en avant l’activité des micro-organismes du sol en enterrant des sachets de thé dans le sol. Là où le test du slip nous permet simplement de savoir s’il y a ou non une vie biologique satisfaisante, le TBI permet d’aller plus loin et d’en savoir plus sur le type de micro-organismes présents dans le sol et la manière dont la matière organique est dégradée. En effet, la décomposition du thé fournit des informations sur :
la capacité du sol à transformer les résidus organiques en nutriments disponibles
la capacité du sol à contribuer à l’accumulation d’humus
Le thé utilisé est du thé Rooibos dont la matière organique est plutôt stable et se décompose lentement et du thé vert dont la matière organique labile se décompose rapidement.
Le protocole
La méthode consiste à enterrer dans le sol deux types de sachets de thé différents durant 3 mois (90 jours).
Le matériel nécessaire :
Les sachets de thé. Les deux types de thé à utiliser sont du thé vert et du thé rooibos :
Sachet de thé vert Lipton
Sachet de thé Rooibos Lipton
Une balance de précision (0,01 ou 0,001)
Une bêche et des jalons assez hauts pour la mise en terre
Des enveloppes ou des sachets plastiques
Maximiser vos chances de résultats :
Afin d’avoir plus de chances que le résultat final s’approche de la réalité, il est nécessaire de faire au moins 3 répétitions par parcelle testée. Exemple : vous souhaitez faire l’expérience dans une de vos parcelles : comptez 3 sachets de thé Vert et 3 sachets de thé Rooibos, afin de disposer d’au moins 3 mesures par type de thé.
Étape par étape …
A cette date, (fin-février), vous pouvez, comme nous, commencer à enfouir vos sachets de thé.
Étape 1 :
Peser à l’aide d’une balance de précision les sachets et marquer sur l’étiquette du sachet s’il s’agit d’un sachet de thé vert ou rooibos (V ou R), puis réaliser un plan de la parcelle afin de repérer où sont enterrés les sachets.
Astuce : les étiquettes peuvent s’enlever avec les intempéries, c’est pourquoi il est important de repérer sur un plan et de coder les sachets avec le numéro de la répétition.
Étape 2 :
Enterrer chaque sachet séparément, dans un trou de 8 cm de profondeur et de la largeur du sachet. Espacer les sachets d’au moins 15 cm entre eux. Recouvrir de terre et tasser légèrement pour s’assurer du contact du sachet avec le sol.


Répéter l’opération 3 fois, à plusieurs mètres d’intervalle
Source photo : Blog Teabagindexuk Source représentation : Groupe PEI N°29 Sol agro-éco
Marquer la position des sachets à l’aide de jalons assez grands pour les repérer dans la culture trois mois plus tard. Noter la date, et toute condition expérimentale qui vous semble pertinente (par ex : ombrage, végétation, texture du sol, profondeur de sol…) Noter dans votre agenda de sortir les sachets de thé 3 mois après (90 jours).
Étape 3 :
Récupérer les sachets, et les placer dans une enveloppe ou dans un sachet préalablement annoté de la référence du sachet afin de ne pas les mélanger.
Étape 4 :
Retirer les particules de terre (sans eau pour éviter les pertes de matériel dans le sachet ; nettoyer avec un pinceau par exemple). Laisser sécher les sachets pendant au moins 3 jours dans une pièce chauffée.
Étape 5 :
Ouvrir les sachets et retirer la totalité du thé des sachets, sans perdre de matière. Peser à nouveau cette matière avec la balance de précision.
Interprétation des résultats
La moitié du thé vert et seulement un quart du thé rooibos (qui contient plus de carbone) devraient être décomposés. Les deux types de thé se décomposent à des vitesses différentes. Le thé vert se décompose rapidement dans les premières semaines, alors que le rooibos a une structure plus ligneuse, plus lente à se décomposer.
Plus un sol est actif et vivant, plus ses micro-organismes vont être capables de dégrader rapidement la matière organique. Ainsi, plus le poids est faible lors du déterrage des sachets, mieux c’est. Reste à savoir quel type de matière organique est la plus présente.
On peut comparer ces valeurs sur différents sites, pour déterminer une différence de décomposition de la matière organique en fonction des conditions expérimentales. Cet indicateur peut servir à détecter un problème de décomposition de la matière organique, donc une mauvaise qualité biologique du sol.
Ainsi, vous pouvez comparer, par exemple, le poids moyen des répétitions par type de sachet sur chaque site. La comparaison entre les taux de décomposition des deux sachets de thé (thé vert et rooibos) permet de savoir si les communautés microbiennes sont plutôt représentées par des microorganismes décomposant rapidement le thé vert (avec un C/N de 12) ou des microorganismes décomposant plus lentement le thé rooibos (avec un C/N de 43). Selon les types de sol, les pratiques culturales, ou des lieux d’expérimentations, les deux sortes de thé ne vont donc pas se décomposer à la même vitesse.
En effet, une décomposition rapide de la matière organique pourrait conduire à des émissions accrues de CO2, tandis qu’une dégradation lente pourrait accroître le stockage du carbone dans le sol. Il est donc essentiel de caractériser les dynamiques de décomposition, conditionnées par le type de végétation, la température, l’humidité relative, le pH, la teneur en nutriments, l’activité microbienne des sols…
Ces résultats nous permettront de déterminer si, sur 3 ans, les produits testés par le service ACI sont réellement efficaces et apportent une augmentation de la vie biologique du sol par un meilleur stockage de la matière organique, pour obtenir des cultures en meilleure santé et donc augmenter, à terme les rendements et/ou la qualité des récoltes.
Prenons un exemple :


On peut voir que sur blé, il y a peu de différence entre les pratiques culturales. En revanche, sur maïs le taux de dégradation du thé vert est légèrement supérieur pour les sols labourés, la minéralisation de la MO labile est plus intense. À l’inverse, des couverts de type trèfle maintenus vivants dans la culture favorisent la décomposition du thé rooibos : MO lente est mieux dégradée que dans un sol labouré.
Au Service ACI, nous avons enterré nos sachets mi-février, pour les récupérer mi-mai et pouvoir interpréter nos résultats. Ici, une parcelle de blé AB.
À vous de jouer !
Service Agronomie, Conseils, Innovation - Février 2021