La pression nationale des sésamies sur maïs est aléatoire d’une campagne à l’autre, mais certaines zones historiquement touchées méritent une vigilance accrue, en raison d’importants dégâts observés chaque année. Le premier levier à disposition : la prophylaxie. Dans tous les cas, il faut agir en collectif.
Sensible au froid, la sésamie est surtout présente dans le Sud de la France. Mais avec le réchauffement climatique, elle tend à remonter vers le nord. Chaque année, deux générations d’insectes voient le jour et se succèdent, voire trois si les conditions sont favorables. Après avoir passé l’hiver dans le collet des maïs, les larves entament leur nymphose mi-avril. La première vague des vols d’adultes a lieu de mi-mai à mi-juin, la seconde de mi-juillet à début septembre, avec un taux de multiplication élevé entre les deux. Les larves éclosent et creusent des galeries dans les tiges, provoquant la casse des tiges, de la verse, une baisse du poids de mille grains (PMG), une perte d’épis et de plantes entières, ainsi qu’une dégradation de la qualité sanitaire, d’autant plus si Furarium liseaola profite des blessures pour s’introduire et se développer.
Broyer les résidus de maïs dès la fin de la récolte
Si des températures négatives limitent la survie des larves pendant l’hiver, mieux vaut anticiper sitôt la récolte de maïs terminée en broyant et en enfouissant les cannes et les collets au plus près du sol Évitez aussi de laisser des rafles aux abords des champs. Labour et semis précoces font partie des techniques à envisager, malgré une efficacité moyenne.
Il est nécessaire de mener cette action préventive de concert à l’échelle du versant bassin versant pour optimiser les chances de succès.
Poser des pièges et suivre les réseaux de surveillance
Pendant les périodes à risque, deux types de pièges aident à évaluer la présence du ravageur :
Les pièges à phéromones, qui attirent les sésamies. Ils sont simples à utiliser mais peu attractifs donc peu efficaces car les captures ne sont pas toujours représentatives du risque réel.
Les pièges lumineux, dont la lumière ultraviolette ou blanche attire les insectes la nuit. Ils sont plus fiables mais demandent un effort important au comptage, pour différencier les papillons de sésamies des autres.
En parallèle, les réseaux de surveillance permettent de suivre l’évolution du risque local, comme relayé dans les BSV.
Autant d’informations qui orientent le choix de traiter ou non les parcelles, selon les seuils d’interventions.
Raisonner les interventions selon la faune auxiliaire
Plusieurs solutions insecticides existent contre les sésamies.
Coragen (200 g/l chlorantraniliprole) est intéressant : il vise à la fois les papillons, les larves et les œufs et présente de bons résultats quand il est positionné au bon stade, c’est-à-dire en début des pontes et lors des pics de vols, tout en respectant les auxiliaires. En biocontrôle, la nouveauté, Dipel Df, à base de Bacillus Thurengiensis, agit sur la perméabilité du tube digestif des larves. Cette spécialité peut aussi être utilisée en agriculture biologique. Tout comme Mezalid (24 g/l spinosad), qui a une action ovo-larvicide et larvicide, par contact et par ingestion. Attention cependant, son application n’est pas sans danger, bien respecter la distance du dispositif végétalisé permanent qui est de 20 mètres.
Enfin, à proscrire, les traitements à base de pyréthrinoïdes qui rencontrent des résistances et favorisent la pullulation des pucerons.
Comme pour les leviers préventifs, il est nécessaire de se concerter au niveau de son territoire pour mener une lutte commune efficace.
Tableau 1 : solutions autorisées pour lutter contre la pyrale du maïs et conditions d’emploi (Source : Choisir 2021 - ARVALIS – Institut du végétal)
