Si le rendement reste le principal objectif, le taux de protéines s’affirme bien comme une cible à atteindre dans tous les créneaux de qualité : que ce soit en minimum en blé ou entre mini et maxi en orge de brasserie dans une fourchette extrême 9,5 - 11,5.
Le niveau de rendement attendu, par son effet de dilution ou de concentration à la moisson, crée tous les ans l’incertitude quant à l’ajustement des doses au cours du printemps face à l’aléas climatique.
Le bilan prévisionnel
Calculé avant les premiers apports d’azote peut nécessiter des ajustements (risque de lixiviation du reliquat SH comme en 2020 ou en février dernier ; révision du potentiel de rendement pour raison climatique ou conditions d’implantation par exemple).
Si par le passé, dans le cas des orges de brasserie on craignait plus les excès que les déficiences en protéines, aujourd’hui, les lots avec des teneurs trop basses deviennent de plus en plus fréquents dans toutes les régions.
Outils de pilotages
Ajuster la dose bilan sur des critères théoriques n’est pas toujours facile, incertitude météo, phénomènes de compensation… Les outils de pilotage sont là pour interroger la culture sur son état de nutrition à un instant donné.
En blé leur intérêt n’est plus à démontrer pour optimiser le couple rendement- protéines. Sans être une assurance de résultat, ces outils permettent de déceler des états de nutrition limitants et de rattraper à temps des doses trop faibles, ou dans le cas du blé de moduler le dernier apport.
Les outils manuels (N-Tester, N-Pilot), les mesures par satellites, les systèmes embarqués (N-Sensor), sont aujourd’hui largement reconnus et utilisés et pour ceux qui permettent une modulation intra-parcellaire de la dose, un réel progrès.
Sur les orges brassicoles, Comme pour les blés améliorants, blés durs et mélanges variétaux, l’utilisation du N-Tester sur orges nécessite la constitution de zones surfertilisées dites « zones étalon » servant de référence maxi, c’est souvent l’élément qui limite le recours à la méthode (voir mise en place dans « Produits d’actualité » de fin février 2021)
Des zones étalons devraient être réalisées en bien plus grand nombre, prévues ou non pour un outil de pilotage, elles permettraient avant tout une observation visuelle, et la possibilité le cas échéant de décider même de manière imprévue d’une mesure sur la plante.
Contrairement au blé où l’on vise une optimisation rendement-protéines, en orge la méthode ne déclenche un apport que lorsque le risque de sous fertilisation est important et peut conduire à une perte de rendement significative. Dans ces situations, un complément d’azote de 30 ou 40 unités ne comporte pas de risque d’excédent de protéines et permet en général de revenir entre 10 et 11 %.
Sur orge d’hiver-escourgeon, les mesures sont à réaliser à partir de 1-2 nœuds et jusqu’à dernière feuille pointante.
Sur orge de printemps, les mesures sont à réaliser entre 1 et 2 nœuds.
Bien sûr, si un complément d’azote est préconisé, celui-ci est à raisonner par rapport à la perspective d’avoir de la pluie (ou une irrigation) pour l’activer rapidement.
Optimiser l’alimentation de fin de cycle sur blés (hors blés biscuitiers)
Les apports de fin montaison
Le choix de la solution azotée sur ce créneau conduit en général à intervenir un peu trop précocement dès l’apparition de la dernière feuille (parfois avant) pour profiter d’une pluie à venir et éviter de brûler la dernière feuille.
Liquiboost, pour ceux qui veulent rester sur une formulation liquide, cette nouvelle solution azotée proposée par Yara testée durant 4 années dans nos essais présente un profil plus favorable que la Solution 39 sur le créneau du 3ème apport. En effet, le risque de brûlure nettement réduit par rapport à la Solution 39 s’est confirmé dans toutes nos comparaisons, y compris sur les apports plus précoces.
L’efficacité de cette formule, légèrement supérieure à la Solution 39 ne permet cependant pas d’égaler la performance de l’ammonitrate.
L’ammonitrate reste la forme la plus efficace avec la meilleure garantie de sélectivité, permettant d’attendre le stade dernière feuille étalée-gonflement, voire même le début épiaison tout en gardant une bonne efficacité. Dans nos essais (6 essais de 2009 à 2020) sur la seule variation de la forme au 3ème apport, on observe en moyenne un écart de rendement faible de 1,5 q/ha mais un gain de protéines de 0,45 % avec l’ammonitrate (gain systématique entre 0 et 1,2 %) et une majoration moyenne du PS de 0,46 point régulièrement comprise dans une fourchette entre 0,3 et 0,5.
Gains sur le 3ème apport en ammonitrate par rapport à de la Solution azotée
[6 essais Soufflet Agriculture 2009 à 2020 – Vallery (89), Longsols, Origny, Virey s/Bar, Viâpres (10)]
Des apports plus élevés au gonflement sont-ils valorisés ?
La dose au stade dernière feuille-gonflement traditionnellement de 40 unités peut être augmentée :
La grille de besoins des blés établie par Arvalis indique la dose à réserver pour cet apport pour chaque variété, elle est de 40 ou 60 unités pour la plupart des variétés, elle peut atteindre 70 unités pour quelques variétés de blé tendre et même 80 unités pour certaines variétés de Blés améliorants.
Néanmoins une synthèse d’essais réalisée par Arvalis montre que la dose minimale à apporter au stade épi 1 cm est de 80 unités.
Les outils de pilotage quant à eux peuvent conseiller jusqu’à 80 u en fin de cycle. Si la mesure a été faite dans les règles et que la culture en a besoin, elle est tout à fait capable de valoriser cette quantité, en protéines mais également en rendement, avec un minimum de pluie après l’épandage bien sûr.
Les résultats obtenus dans nos essais entre 2000 et 2018, synthétisés dans les 2 graphiques ci-dessous, portant sur la comparaison d’un apport au gonflement de 80 unités par rapport à 40 unités sous forme ammonitrate, montre clairement que 80 unités au gonflement peuvent être très bien valorisés lorsque la culture en a besoin.
Ecarts de rendements et protéines avec ammonitrate 80u par rapport 40u au gonflement à dose totale égale (ex. pour une dose de 200u : 40-80-80 /40-120-40)
[essais Soufflet 2000 à 2018 - Aube - Haute Marne - Seine et Marne - Yonne]
Les apports tardifs
Dans le cas de conseil élevé délivré par les outils de pilotage ou pour parfaire l’alimentation si le potentiel est prometteur, un produit post-épiaison comme Ferti N peut constituer un bon complément. Sur 12 essais de 2007 à 2020 Ferti N à 50-60 litres/ha apporte en moyenne un gain de protéines de 0.43 % (voir graphiques ci-dessous).
Cette solution permet de ne pas tout solder à dernière feuille-gonflement et de différer 15 à 20 u après l’épiaison à un moment où on pourra évaluer le potentiel avec moins d’incertitude.
Ferti N peut aussi être positionné opportunément en cours de montaison en cas de défaut d’alimentation azotée par le sol (sécheresse après épandage par exemple).
Ecarts de rendements et protéines avec Ferti N 50 à 60 L/ha en pulvérisation au stade 100% épis sortis (12 essais Soufflet 2007 à 2020 – départements 10, 51, 77, 89)
Le Passeport protéines
Soufflet Agriculture et Yara vous proposent un accompagnement vers l’objectif protéines pour les blés à travers le « Passeport Protéines », si vous n’y avez pas encore souscrit ou si vous souhaitez des informations sur cette démarche, demandez à votre technico-commercial qui pourra vous en préciser toutes les modalités.
Service Agronomie, Conseils, Innovation - Avril 2021
