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la fertilisation

Comment baisser sa consommation d'azote sur céréales ?

La gestion des apports d’azote est un facteur essentiel de productivité, de qualité et de rentabilité pour les exploitations. Il est également un facteur de performance écologique pour plusieurs raisons :

  • Il faut environ 1 TEP (tonne équivalent pétrole) pour produire une tonne d’azote. Cette dépense énergétique met l’azote en première place des dépenses énergétiques d’un itinéraire cultural.

  • La lixiviation des nitrates pose des problèmes de qualité de l’eau potable.

  • 90 % des gaz à effets de serre, produits liés à la production végétale, peuvent être imputés aux engrais azotés (production et ré organisation dans le sol dont production de protoxyde d’azote)

L’enjeu de concilier performance économique et environnementale devient essentiel. La méthode des bilans permet de donner une approche de quantification. Elle prend en compte une multitude de facteurs pour calculer la dose d’azote mais ce sont des valeurs moyennes qui ne reflètent pas exactement les conditions pédoclimatiques de la parcelle et les pratiques de l’agriculteur. En effet, les pratiques culturales influencent beaucoup la fourniture d’azote par le sol. C’est le cas du semis direct et l’introduction systématique des couverts dans la rotation.

Semis direct : une pratique culturale qui influence la minéralisation

Le principe du semis direct est d’implanter les cultures en perturbant le moins possible le sol. Cela a pour première conséquence de réduire les apports d’oxygène donc de réduire la minéralisation. De plus, l’azote est réorganisé par une vie biologique et microbienne plus intense. L’accumulation de matière organique à C/N élevé en surface va entrainer une activité biologique de décomposition qui consomme également de l’azote. Il y a donc réduction des fournitures azotées du sol. En compensation la matière organique du sol est moins consommée.

L’introduction des couverts végétaux va aussi modifier les fournitures d’azote

La mise en place systématique des couverts va recycler l’azote post récolte et la minéralisation automnale. Elle va également enrichir le sol en matière organique. Cette séquestration de carbone s’accompagne, elle aussi, d’une consommation d’azote (50 à 70 kg/t de MO). Petit à petit le stock de M-O va augmenter et la minéralisation qui l’accompagne aussi. Un nouvel équilibre va se mettre en place à moyen terme. Les fournitures d’azote seront ensuite plus importantes mais plus tardives.

La composition du couvert et le stade auquel il est détruit va influencer le C/N. Le C/N du couvert conditionne la restitution des éléments minéraux qu’il a absorbé. Un C/N < 20 va restituer de l’azote, un C/N >20 va mobiliser de l’azote pour se décomposer. Un couvert composé majoritairement de légumineuses détruit jeune aura un C/N bas. Inversement un couvert de graminées et de moutarde lignifiée détruit tardivement (après floraison) aura un C/N élevé. Pour finir, plus le couvert sera détruit à une date proche du semis, plus il aura prélevé des éléments minéraux. Par conséquent ces éléments seront relargués les années suivantes.

Ceci explique que dans les systèmes en transition (gourmands en azote) on a plutôt intérêt à implanter des mélanges de couverts composés avec des légumineuses détruits avant leur floraison.

En semis direct avec couvert, les fournitures du sol sont profondément modifiées. La méthode du bilan azoté peut estimer des fournitures du sol en décalage avec la situation de la parcelle.

D’une manière générale, il est admis qu’en semis direct, une anticipation des apports est de rigueur en tenant compte :

  • Du coefficient réel d’utilisation de l’azote.

  • Que les cycles de minéralisation se mettent en place plus tardivement.

Attention, les apports tardifs « objectifs protéines » ne doivent pas être négligés pour autant.

Pour apprécier le comportement de la parcelle, il existe des méthodes simples basées sur l’observation du comportement de la culture dans des situations identifiées.

Pilotage de l’azote en fin d’hiver, début montaison

La méthode double densité 

Cette méthode «double densité» consiste à mettre en place lors du semis, une bande semée à double densité (sur deux passages de semoir de 20 à 30 m de long en évitant les fourrières). L’apparition d’une décoloration de cette bande, par rapport au reste de la parcelle, traduit un début de carence azotée du peuplement à double densité qui précède de quelques jours celui du reste de la parcelle. Le premier apport d’azote doit donc être effectué dans les jours qui suivent.

Le témoin "0" azote 

Ce témoin consiste à identifier par 4 jalons une zone de la parcelle correspondant à ½ passage de pulvérisateur sur 30 m de long. Ce témoin permet de suivre les fournitures du sol et de suivre l’évolution de la parcelle dans la phase de transition vers l’agriculture de conservation des sols.

Témoin 1er apport 

Dans le cas où les reliquats d’azote sortie hiver sont élevés (>50 unités) et qu’une impasse du 1er apport a été décidé, il peut être opportun de valider la pratique par un témoin simulant un premier apport. La technique consiste à matérialiser une zone de 100 m² avec des jalons et d’y épandre à la main 1,5 kg d’ammonitrate (équivalent 50 u d’azote). Une différence de couleur entre cette zone et le reste du champ permettra d’anticiper un apport épi 1 cm.

Témoin sur-fertilisé

Faire une zone sur-fertilisée au deuxième apport sur blé ou orge permet de vérifier si la dose appliquée est bien adaptée au potentiel de l’année ou de la parcelle. Dans la pratique, ce témoin d’½ rampe sur 30 m de large, identifiée par des jalons, est fertilisé de 80 unités de plus que la dose initialement prévue. Sur orge, à l’aide d’une pince N-tester, on vérifie s’il y a une différence significative entre les deux pratiques. Cette méthode permet de déplafonner la dose bilan de 30 u/ha.

Pilotage de l'azote fin montaison 

L’utilisation d’un outil de pilotage permet sur blé d’adapter le troisième apport aux conditions de l’année et au potentiel de productivité de la parcelle. (Il faut s’être réservé sur la dose bilan 40 à 60 u N/ha). Certains donnent une valeur moyenne pour le champ, d’autres permettent d’adapter la fertilisation aux hétérogénéités de la parcelle.

N TESTER

Il s’agit d’une pince, qui permet de mesurer les propriétés optiques de la feuille en lien avec la teneur en chlorophylle. Cet outil est très simple à mettre en œuvre. Il faut bien veiller à faire les prélèvements dans la zone plus représentative de la parcelle. Le conseil donné est un conseil à la parcelle. Cet outil d’aide à la décision permet de gérer le 3ème apport sur blé mais également de gérer un supplément de fertilisation sur orge de printemps.

SATELLITE

Le Satellite permet de mesurer la biomasse et le taux de chlorophylle sur toute la parcelle. La carte de biomasse est établie quelques jours avant l’épandage. Il permet de moduler les apports d’azote en fonction des zones hétérogènes de la parcelle. Cet outil est utilisable pour moduler l’azote sur escourgeon, blé et colza.

N-SENSOR

Le N-Sensor est une barre fixée sur la cabine du tracteur qui permet de mesurer l’état de nutrition de la plante et calculer la dose d’azote à appliquer en temps réel au moment de l’épandage. Cette technique permet d’optimiser la répartition de l’azote en fonction des zones de potentialité de la parcelle. On peut utiliser cette technique sur colza, blé et orge.*

Service Agronomie, Conseils, Innovation - Février 2021

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