L’implantation des CIPAN revêt de multiples intérêts et pas uniquement sur le captage de l’azote dans le sol. Tout l’enjeu est de semer le bon mélange, au bon moment.
Voici quelques conseils.
Implantées entre deux cultures principales, les CIPAN (Cultures intermédiaires pièges à nitrates) ont pour objectif principal de capturer les nitrates présents dans le sol et éviter ainsi leur lessivage vers les eaux souterraines et de surface. Dans les zones vulnérables, leur mise en place est obligatoire, conformément à la Directive Nitrates. Ces cultures ont d’autres atouts. Elles permettent aussi, grâce à des enracinements variés, d’améliorer la structure du sol, de le protéger contre l’érosion et le compactage, de stocker du carbone, de limiter la concurrence des adventices et de favoriser la biodiversité. Mais ce n’est pas tout. En période estivale, la présence de couverts végétaux captent et utilisent l’énergie solaire pour réaliser la photosynthèse et donc, « fabriquer » de la biomasse.
Un large choix d’espèces, à adapter au contexte de la parcelle
Le semis se fait en général après la récolte de la culture d’été : dès le soir même ou le lendemain si possible pour profiter de l’humidité résiduelle encore présente dans le sol. L’eau ne doit en aucun cas être un facteur limitant : le travail du sol est donc à éviter avant l’implantation, au risque d’accélérer le dessèchement. L’autre conseil est de semer profond, à environ 5 cm, pour que la germination se passe au mieux, même si l’eau venait à manquer dans les quelques jours après le semis. Une fois installée, la plante sera alors capable de capter l’eau nécessaire, de façon autonome. Réglementairement, les Cipan doivent être semées, au plus tard, le 1 octobre et laissées en place pendant au moins huit semaines.
Le choix des espèces est quant à lui très large (crucifères, graminées, légumineuses...) et dépend avant tout du contexte pédoclimatique et des objectifs agronomiques visés. Selon ces derniers, deux options s’offrent à l’agriculteur. Soit il implantera des cultures précoces (sarrasin, cameline ou tournesols précoces) qui seront récoltées pour, notamment, reconstituer un stock fourrager, soit il préfèrera des couverts à cycle plus long pour accroître le taux de matière organique du sol et donc, limiter la fertilisation de la culture suivante. Dans tous les cas, le mélange d’espèces s’avère une bonne option pour profiter de plusieurs aspects, en surface ou sous terre. L’association vesce, trèfle d’Alexandrie, féverole et pois fourrager s’affiche par exemple comme une bonne option pour, à la fois, générer de la biomasse et bien résister aux différents stress abiotiques.
Destruction mécanique préférable
Pour détruire les couverts, mieux vaut ne pas compter uniquement sur le gel, notamment dans les régions continentales. La destruction mécanique, par broyage ou déchaumage, reste une bonne option pour blesser les plantes : l’application d’un produit chimique, en complément, est parfois nécessaire. Quand intervenir ? Si l’objectif est de laisser le temps aux couverts végétaux d’assurer pleinement leurs fonctions, l’enjeu est aussi de limiter un éventuel effet dépressif sur la culture suivante : concurrence vis-à-vis de l’eau, de l’azote, salissement si le couvert est monté à graines...
La date de destruction se raisonne en fonction de la culture suivante, de l’espèce du couvert et du type de sol. En règle générale, cette étape peut intervenir juste avant le semis d’une céréale d’hiver ou environ un mois avant l’implantation d’une culture de printemps. Pour les espèces à cycle long, intervenir au maximum quelques jours après la floraison. Ne pas hésiter à se référer à la directive nitrates de son département pour déterminer à partir de quelle date cette destruction est autorisée.
