
Comment peut-on prévenir et lutter contre le chardon ?
Il existe une grande diversité de « chardons ». Le plus concurrentiel en grande culture est le chardon des champs (Cirsium arvense). Le chardon se développe dans tous types de sol mais préférentiellement dans les sols nus, riches en azote, frais et plutôt argileux. Il est une excellente plante bioindicatrice d’un tassement de sol.
Un enracinement profond lui permet d’aller chercher l’eau et les éléments nutritifs inaccessibles aux autres plantes, ce qui le rend très compétitif.
Appréciant la lumière, il se développe particulièrement dans les cultures laissant l’inter-rang ouvert au printemps (entre avril et juin).
Le maintien à un bas niveau d’enherbement en chardon repose sur deux enjeux principaux :
- Maintenir une bonne structure du sol.
- Occuper l’espace au printemps !
Mesures préventives
La rotation comme premier levier pour éviter le développement du chardon
Les rotations équilibrées avec des prairies temporaires, des cultures étouffantes dès le début du printemps et des couverts d’intercultures sont moins sujettes à l’installation du chardon. A contrario, les rotations uniquement basées sur des cultures de printemps s’exposent à un risque certain d’infestation par le chardon.
Prairies temporaires / luzerne : les cultures les plus concurrentielles face au chardon !
Le cycle des prairies temporaires et leur rythme d’exploitation en font un levier efficace de prévention et de lutte contre le chardon. En particulier, la luzerne cumule tous les avantages :
Maintien de la structure du sol par son système racinaire puissant.
Frein à la reconstitution des réserves du chardon au printemps et dans l’été via la concurrence par la biomasse de la luzerne vis-à-vis de la lumière.
Production de substances allélopathiques limitant le développement du chardon.
Epuisement des réserves du chardon et frein à la dissémination de ses graines par les fauches.
Cultures annuelles étouffantes au redémarrage du chardon
Les chardons aiment la lumière. Leur développement est ralenti par des cultures qui leur font de l’ombre notamment en début de printemps, comme :
Le colza. Bien implanté (avec un pivot développé) et poussant dès la reprise de végétation, le colza est un bon concurrent du chardon. Cela ne peut être obtenu qu’avec un bon démarrage de la culture à l’automne, en assurant dès le semis une structure de sol favorable à la levée et une disponibilité en éléments nutritifs au plus près de la graine. La fertilisation localisée et/ou les biostimulants renforcent la vigueur au départ du colza (cf. article « Sécuriser l’implantation des cultures »).
De plus, son association dès le semis avec un trèfle permet d’avoir un couvert implanté sitôt la récolte du colza en relai de maintien de la structure du sol pendant l’été.
- Les céréales hautes et étouffantes. De mi-avril à juin : avoine d’hiver, avoine de printemps, triticale, seigle, variétés hautes de blé et méteils [céréales + protéagineux].
Couverture par le méteil et le blé solo dans les essais bio Soufflet Agriculture (Yonne, mai 2022)
A noter qu’en situation de fort déficit hydrique au printemps comme en 2022, le dessèchement précoce des protéagineux entraîne une perte de pouvoir couvrant du méteil.
Couverture par le méteil et le blé solo dans les essais- bio Soufflet Agriculture (Vienne, juin 2022) : ronds de chardons plus marqués sur la bande en méteil [blé + féverole]
Cultures peu concurrentielles du chardon
Certaines cultures sont à éviter en cas d’infestation par le chardon : tournesol, soja, maïs, et même chanvre. Si cette dernière est réputée étouffante, son cycle de culture d’été offre des conditions favorables au développement du chardon : accès à la lumière en avril-mai avant que le chanvre soit réellement couvrant. Si les ronds sont trop nombreux dans le précédent, éviter cette culture dont la quantité et la qualité de paille seront fortement affectées.
Ronds de chardons dans du chanvre (Aube, 2020).
Vérifier et corriger la structure du sol avant de laisser s’installer le chardon
Vérifier la structure de son sol, c’est se donner les moyens d’intervenir si besoin avant que les conditions de sol favorisent le développement du chardon. En cas de tassement avéré, décompacter avant de stabiliser la structure avec un couvert ou une culture compétitive.
Rappelons ici que les couverts d’interculture entretiennent la structure du sol, mais ne corrigent pas un défaut important. En maintenant la structure du sol, ils sont un levier de prévention de l’apparition du chardon, mais ne sont pas un outil de lutte. Seuls les outils mécaniques peuvent rétablir une structure de sol à court terme.
Lutte mécanique : on contient mais on n'éradique pas le chardon !
Epuisement des rhizomes en interculture :
Le chardon accumule des réserves essentiellement durant l’été (cf. schéma ci-dessous). Une fois les chardons repoussés (10-15 cm de pousse), scalper les chardons en conditions sèches pour épuiser les réserves voire extirper une partie des rhizomes.
Attention ! Eviter de lever la dormance des bourgeons végétatifs par le travail du sol :
- Scalper les rhizomes avec un outil à dents. Proscrire les outils à disques dès présence de chardons dans une parcelle : ils fragmentent les rhizomes et relancent la pousse de nouveaux bourgeons.
- Ne pas exagérer le nombre de passages : il est inutile d’anticiper des interventions de scalpage si les chardons ne sont pas en pousse, au risque de lever la dormance de bourgeons latents.
Evolution des réserves racinaires du chardon au cours de l’année
Binage au printemps, arrachage manuel
Le binage au printemps permet de réduire la concurrence et d’épuiser les réserves du chardon au moins sur l’inter-rang de la culture en place. Ce levier est particulièrement pertinent pour les cultures d’été telles que le soja, le tournesol ou encore le maïs lorsque la pression n’est pas trop importante.
Ne pas hésiter également à procéder à un arrachage manuel des premiers ronds dès leur apparition.
Ecimage en mai- juin
L’écimage limite la multiplication par les graines et permet à la culture de murir et sécher de manière plus homogène entre les ronds de chardons et le reste de la parcelle.
Au-delà des écimeuses «classiques» qui coupent la partie des adventices située au-dessus de la cime de la culture, il existe également les désherbeuses à pneus, qui arrachent les adventices en les tirant par le haut de la tige.
En situation de forte infestation, et en l’absence d’écimeuse, ne pas hésiter à broyer les zones très touchées voire à retourner la culture.
Service Agronomie, Conseils, Innovation - Août 2022.
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