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Céréalier et biodiversité : Comment réaffirmer une synergie ?

Aménagement favorables aux auxiliaires et à la biodiversité

Les aménagements en faveur de la biodiversité sont des repères indispensables pour les auxiliaires de cultures et la petite faune de plaine.

L’aménagement idéal n’existe pas. L’important est de privilégier une diversité d’aménagements répartis sur l’ensemble du territoire. Une mosaïque de refuges et de cultures est ce qu’il y a de plus favorable à la conservation de nombreuses espèces comme les papillons ou les oiseaux.

CONSEIL

Il n’y a pas de mauvais aménagement, il faut que l’agriculteur choisisse celui le plus adapté.

Objectifs de la mesure

Ces aménagements vont permettre d’abriter et de nourrir une diversité d’espèces durant les périodes de transition (récolte, travail du sol, latence entre deux floraisons, etc). Ils constituent également un lieu de reproduction pour certaines d’entre elles. Il existe plusieurs types d’aménagements possibles comme les couverts herbacés, les jachères faune sauvage, les cultures mellifères, les cultures à objectif énergétique, les haies et buissons ou encore les tas de pierres.

Bénéfices attendus

Les effets positifs des aménagements sont démultipliés lorsqu’ils sont répartis sur l’ensemble du parcellaire. Ils peuvent être divers :

  • Contribuer à la beauté du paysage.
  • Créer une multitude de repères, de refuges et de ressources alimentaires pour l’ensemble de la biodiversité (Sirami C. et al. ; 2019)1: oiseaux, insectes, reptiles, petits mammifères, etc.
  • Accroître le potentiel de régulation naturel des ravageurs. (Boller E.F. et al ; 2004)²
  • Limiter les transferts de matières actives.

Méthodologie: Les types d'aménagements

Pour la mise en oeuvre opérationnelle, il existe de 2 types d’aménagement : la bande et l’ilot.

TYPE D’AMÉNAGEMENT

BANDE

ÎLÔT OU PLOT

Avantages

Augmentation de la capacité d’accueil du territoire par l’effet lisière.

Facilité de mise en place via les GPS.

Créer des zones avec plus de quiétude.

Augmenter la fonctionnalité des éléments fixes ou hétérogènes déjà présents sur le parcellaire.

Inconvénients

Possible fréquentation par des riverains, par confusion avec des chemins.

Problème d’accès pour l’agriculteur quand les cultures sont hautes.

Conseils

Laisser la largeur d’un passage de pulvérisateur entre la bordure du champ et la bande.

Disposer les aménagements en rupture de pente permet de limiter l’érosion.

Implanter les aménagements dans les angles de parcelles, autour de pylônes électriques ou de tout élément fixe du parcellaire.

Comment mettre en place cette pratique sur mon exploitation ?

La localisation du futur aménagement doit être réfléchie en fonction de la largeur de l’outil le plus large présent sur l’exploitation (par exemple la largeur du pulvérisateur). La largeur optimale est la largeur qui pourra faciliter le travail de l’agriculteur. L’objectif étant d’obtenir un nombre entier de passages de pulvérisateur afin de pas avoir de fourrière ou tournière supplémentaire à faire.

Bande ou ilot : à définir en fonction du contexte de l’exploitation et de vos attentes.

Pour limiter les transferts de polluants diffus et les phénomènes d’érosion du sol ou de création de ravines, il peut être envisageable de localiser des aménagements spécifiques sur ces zones :

  • Sur les voies de transferts et chemins de l’eau,
  • Au pied des versants de pente de plus de 5%,
  • Dans les coins de champs sensibles à l’érosion,
  • En perpendiculaire des axes de ruissellement,
  • En zone sensible pour protéger les habitations ou les routes.

Pour les aménagements anti-érosifs, les graminées ont été déterminées comme les plantes les plus efficaces (plantes dites fortes) : fétuque des prés (Festuca praten- sis Huds.), dactyle aggloméré (Dactylis glomerata L.) ou miscanthus (Miscanthus (x) giganteus) à condition qu’il ne soit pas récolté. Cependant, il est possible de les associer avec des plantes à fleurs (faible pouvoir de retenue) comme des achillées (Achillea ptarmica L.) sans altérer le pouvoir de rétention. En effet, pour que l’aména- gement stoppe une lame d’eau de 20 cm, il faut maintenir au minimum 30 cm de biomasse aérienne. Un entretien haut (30 cm du sol) est nécessaire. Pour une parfaite efficacité, il y est déconseillé de rouler avec du matériel.

Source : AREA-asso.fr

Le Saviez-vous ?

Pour les insectes rampants, il est estimé que la distance maximale qu’ils peuvent effectuer depuis une bordure ou un élément fixe est d’environ 75 m à 80 m.

Conseils 

Afin d’identifier les emplacements et les types d’aménagements opportuns, un diagnostic à l’échelle de l’exploitation pourra permettre :

  • De déterminer les zones du parcellaire les moins productives et les moins efficaces à cultiver : veines de cailloux, de terre forte, faux-angle de parcelle.
  • D’identifier les axes de talweg pour endiguer les phénomènes d’érosion et de ruissellement.
  • De localiser les espaces à forts enjeux écologiques comme les zones humides.

Aménagement dans un angle de parcelle : emprise mais gain de productivité.

Méthodologie : les différentes compositions possibles

Il existe différentes compositions de couverts pour les aménagements : couvert herbacé, couvert arbustif ou couvert biomasse.

Le couvert herbacé, la haie ou la bande à production de biomasse.

Limite réglementaire

Les nouveaux aménagements ne doivent pas être « mis sous cloche ». Il faut pouvoir disposer de souplesse dans la localisation et le déplacement d’une infrastructure. En effet, avec l’évolution du matériel, un aménagement peut devenir handicapant pour le travail de l’agriculteur. Il devra alors pouvoir le déplacer de quelques mètres pour limiter la gêne occasionnée, en s’assurant de respecter la réglementation actuelle en vigueur sur le sujet.

Concernant les haies, la réglementation PAC française (BCAE 7) limite strictement leurs possibilités de déplacement. Cette surtransposition française est le principal frein aux nouvelles plantations.

Pour plus d’information : Cliquez ICI

Conseils

Lors d’une implantation en bordure de propriété, il est conseillé de bien   vérifier   les   limites   et ne pas malencontreusement planter sur la propriété voisine. Ainsi on évite de possibles futurs désagréments.

Pour aller plus loin 

Ces aménagements ont également un rôle de limitation des pollutions diffuses vers le milieu aquatique.

Pour plus d’information : Cliquez ICI

Haies et buissons 

Une haie favorable à la biodiversité est une haie hétéro- gène par sa composition et sa structure. La composition favorable à la biodiversité est dépendante de sa richesse floristique (floraison étalée sur l’ensemble de l’année) et fructifère (ressource alimentaire hivernale pour les oiseaux) ainsi que de la diversité de ses strates : arbres, arbustes, lianes et banquette herbeuse au pied de haie (Pasquet G. ;2014)1. Cette dernière est fondamentale à la survie des amphibiens et reptiles des champs cultivés (Boissinot A. et al ;2013)².

La diversité de strates offre également des sites de nidification à l’ensemble des oiseaux inféodés aux haies (fauvette, grives…).

Il est préférable d’implanter des haies assez larges (double ou triple rangs) pour constituer un refuge efficace à la faune terrestre.

Le maintien d’une bande herbeuse en pied de haie est également judicieux pour compléter l’attrait pour les auxiliaires, mais aussi pour faciliter l’accès à la haie par l’agriculteur.

Le saviez-vous ?

Les remembrements successifs depuis les années 50 ont encouragé un arrachage massif des haies. C’est vrai en zone de bocage. Cependant dans les zones de grandes cultures ou d’open field, les haies n’étaient que peu ou pas présentes. Dans ces espaces, ce sont surtout les lisières qui ont été réduites. Ces lisières sont indispensables pour la biodiversité des plaines.

(Lien : effet lisière).

Source : Omnès F. ; (2017).

Haie large jeune et basse ou ancienne et haute mais toujours accompagné de son pied de haie. 

Limite :

Concernant les haies, la réglementation PAC française (BCAE 7) limite strictement leurs possibilités de déplacement. Cette surtransposition française est le principal frein aux nouvelles plantations.

Pour la biodiversité, il est fortement conseillé de veiller au maintien et à la conservation des haies anciennes à haute valeur écologique et paysagère, comme les haies multi strates épaisses à composition diversifiée, les haies composées d’essences remarquables (orme, tilleul etc.) ou les haies sur talus.

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Pour une nouvelle plantation de haie ou de buisson, il est pertinent de s’inspirer de la composition des haies anciennes déjà présentes dans le secteur pour sélectionner les essences adaptées à votre exploitation. Voici une liste indicative non exhaustive d’espèces pouvant être utilisées pour une nouvelle plantation :

NOM COMMUN

NOM LATIN

PORT VÉGÉTATIF

INTÉRÊTS

Cornouiller sanguin

Cornus sanguinea L.

Arbuste buissonnant

Mellifère et baie

Troène

Ligustrum vulgare L.

Arbuste buissonnant

Baie

Charme commun

Carpinus betulus L.

Arbre pouvant être géré en buisson

Abri hivernal dans le feuillage.

Sureau noir

Sambucus nigra L.

Arbuste buissonnant

Mellifère et baie

Robinier-Faux accacia

Robinia pseudoacacia L.

Arbre pouvant être géré en buisson

Mellifère

Houx

Ilex aquifolium L.

Buissons

Feuillage persistant et baie

Argousier

Hippophae rhamnoides L.

Buissons

Mellifère et baie

Aubépine

Crataegus spp.

Arbuste buissonnant

Mellifère et baie

Pommier sauvage

Malus sylvestris L.

Arbre

Mellifère et fructifère

Poirier sauvage

Pyrus pyraster L.

Arbre

Mellifère et fructifère

Sorbier des oiseleurs

Sorbus aucuparia L.

Arbre

Mellifère et baie

Chêne pedonculé

Quercus robur L.

Arbre de haut jet

Héberge de nombreux auxiliaires : araignées, punaises…

Source : Villenave-Chasset J. (2019) Biodiversité fonctionnelle, Protection des cultures et auxiliaires sauvages. Edition la France Agricole, 148p

A l’inverse, certaines essences sont à éviter en grandes cultures :

  • Les conifères car ils sont moins   intéressants pour les auxiliaires des cultures et certains sont même des plantes hôtes à une famille de noctuelles nuisibles : Agrotis.
  • Les Prunus (cerisier, merisier à grappes) car ils hébergent le puceron du merisier à grappes (Rhopalsiphum padi). Ce puceron est susceptible de s’attaquer aux céréales à pailles et au maïs.
  • Le prunier car il est l’hôte primaire du puceron du pêcher (Myzus persicae) et peut attaquer le colza.

Pour être accompagné dans un projet de plantation, il est possible de se rapprocher d’une structure locale spécialisée.

Conseil à la plantation 

Pour permettre un développement optimal des jeunes plants, il est important :

  • De les protéger de la faune sauvage, comme le chevreuil ou le lapin
  • D’installer un paillage afin de limiter la concurrence avec la flore du lieu de plantation.

Pour aller plus loin

Pour choisir des essences favorables aux auxiliaires les plus adaptés à son exploitation, il est possible de s’aider de l’outil AuxilHaie : Cliquez ICI

Entretien de la haie

  • Entretenir les haies entre décembre et avril (Aubinneau J. et al ; 2007)3.
  • Ne pas entretenir toutes les haies à la même hauteur et les mêmes années. Certaines espèces d’oiseaux préfèrent des haies basses et denses comme la Fauvette à tête noir. Celle-ci réalise son nid à environ 1 m du sol. D’autres d’espèces préféreront au contraire des haies plus hautes avec un pied clair (haie type parapluie) comme le Chardonneret élégant. Ce dernier nidifie dans les fourches des arbres entre 2 et 10 m de hauteur.
  • Développer des haies larges car elles accueillent une avifaune et une entomofaune plus riche et abondante (Chevallier N. et al. ;2013).
  • Maintenir un ourlet herbeux au pied.

Le saviez-vous ?

La réglementation interdit PAC interdit la taille des haies entre le 1er avril et le 31 juillet.

Buisson ou bosquet dans une angle de parcelle, ces éléments sont plus fonctionnels  lorsqu’ils sont accompagnés d’une banquettes herbeus

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